Photoreportage : l’accès à l’eau potable, un défi quotidien dans les zones rurales de la RDC

Article : Photoreportage : l’accès à l’eau potable, un défi quotidien dans les zones rurales de la RDC
Crédit: Ruben en reportage
6 juillet 2023

Photoreportage : l’accès à l’eau potable, un défi quotidien dans les zones rurales de la RDC

Savez-vous que l’accès à l’eau potable est l’un des grands défis auxquels font face de nombreuses zones rurales en République démocratique du Congo ? Dans certains villages, la population n’a pas d’accès à l’eau potable. Non seulement ils n’ont pas de source d’eau potable à proximité, mais ils ne disposent pas non plus de réservoirs d’eau pour les périodes de pluie. Lorsqu’il pleut, ils creusent souvent des trous dans le sol pour recueillir l’eau de pluie, qu’ils utilisent ensuite pour les besoins domestiques tels que la cuisine, la vaisselle et le bain. C’est le cas dans le village de Bena Kaseki, l’un des plus importants groupements du territoire de Ngandajika, dans la province de Lomami. Situé à environ 20 kilomètres de la ville de Ngandajika, ce groupement est réputé pour ses importantes productions agricoles. Cependant, il fait face depuis des années à un grand défi d’accessibilité à l’eau potable.

Un panneau de bienvenu installé au bord de la route à l’entrée du groupement de Bena Kaseki. Localisation GPS : -6.665870,24.094400
Ici, en exemple un trou creusé pour recueillir l’eau de pluie destinée à la construction d’une maison, dans le village de Bakwa Mukendi, chefferie de Bakwa Kalonji, Tshilenge, province du Kasaï Oriental.

La quête quotidienne de l’eau

Dans le passé, les villages étaient souvent construits à proximité des rivières, car l’eau était essentielle à la vie quotidienne. Les gens s’en servaient pour boire, cuisiner, se laver et irriguer leurs cultures. Cependant, avec le temps, les choses ont changé dans de nombreux endroits. Les routes ont été tracées pour relier les villages et les villes voisines, et les marchés locaux ont commencé à se développer. Les habitants des villages ont commencé à se déplacer pour être plus près des routes et des marchés, où ils pouvaient vendre leurs produits agricoles et acheter des articles de première nécessité.

Cela a conduit à une situation où de nombreux villages se sont éloignés de leur source d’eau naturelle. Bena Kaseki en est un exemple. Bien qu’il soit situé à proximité d’une rivière, cette dernière est désormais à plusieurs kilomètres des habitations. Les gens doivent donc parcourir de longues distances pour s’approvisionner en eau potable.

Cela étant dit, les femmes de Bena Kaseki doivent faire face à un défi quotidien épuisant pour s’approvisionner en eau. Chaque matin, dès 4 heures, elles se mettent en route vers la rivière. Munies de bassines et de lourds bidons d’eau, elles parcourent ces longues distances à pied, portant leur précieuse cargaison sur leur tête.

Ce voyage matinal est non seulement éreintant physiquement, mais il nécessite également une grande détermination et persévérance. Les femmes doivent marcher sur des chemins souvent difficiles et escarpés. Elles doivent faire face aux intempéries, à la chaleur étouffante ou au froid selon les saisons.

Le poids des bassines et des bidons d’eau ajoute une charge supplémentaire à leurs épaules déjà fatiguées. Elles doivent maintenir un équilibre précaire tout au long du trajet pour éviter de renverser l’eau précieuse qu’elles ont si laborieusement collectée.

Après des heures de marche, les femmes atteignent enfin la rivière. Elles remplissent leurs récipients avec soin, s’assurant de collecter suffisamment d’eau pour répondre aux besoins de leur famille pendant la journée. Une fois les bassines remplies, elles entament le long chemin du retour vers le village.

Un périple quotidien qui représente une véritable épreuve pour les femmes de Bena Kaseki.

Tâches ménagères à la rivière de Bena Kaseki : lavage des vêtements

De plus, les femmes de Bena Kaseki ne se rendent pas seulement à la rivière pour s’approvisionner en eau potable. Comme dans de nombreux autres villages éloignés de leur source d’eau, elles utilisent également la rivière pour effectuer des tâches ménagères telles que la lessive. Ne pouvant pas ramener suffisamment d’eau à la maison en raison de la distance et du manque de réservoirs d’eau, elles lavent les vêtements de leur foyer sur les rives de la rivière. Cette tâche n’incombe pas seulement aux femmes mariées, mais aussi aux jeunes filles qui aident leur famille dans les tâches quotidiennes.

Une triste réalité qui met en évidence les défis auxquels sont confrontées de nombreuses communautés rurales. L’accès à l’eau potable est un droit fondamental, mais il reste un défi pour de nombreuses personnes, en particulier dans les régions éloignées et marginalisées.

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Saison sèche : Souffrance accrue et afflux à la rivière.

Pendant la période de mai à août, qui correspond à la saison sèche dans la région du Kasaï, les villages qui n’ont pas accès à l’eau potable font face à une souffrance accrue. Les effets de la sécheresse se font ressentir de manière plus intense, mettant en évidence les défis auxquels sont confrontées ces communautés.

Dans ces villages, l’eau devient une ressource encore plus précieuse et rare pendant la saison sèche. Les habitants se trouvent contraints de se rendre en plus grand nombre à la rivière pour s’approvisionner en eau. Les journées sont souvent marquées par des allers-retours fréquents vers la rivière, où les femmes, les hommes et même les enfants portent des seaux et des récipients pour collecter l’eau nécessaire à leur survie quotidienne.

Village de Bena Tshibondobondo : Installation près de la rivière et menace des crocodiles.

Il convient également de mentionner qu’un autre village, Bena Tshibondobondo à Bena Mpiana, dans la même province de Lomami et le territoire de Ngandajika, a décidé de s’installer près de la rivière pour échapper à la pénurie d’eau. Cependant, il semble qu’ils doivent maintenant faire face à la présence de crocodiles qui menacent la population. Les habitants luttent avec différents moyens de protection contre ces animaux marins.

Localisation GPS du village de Bena Tshibondobondo : -6.489000,23.926461

La majestueuse Rivière de Bena Tshibondobondo, également connue sous le nom de Tshilemba.
Ici, les habitants de Bena Tshibondobondo puisent de l’eau dans les rives de la Rivière Tshilemba, évitant ainsi les eaux profondes infestées de crocodiles.

La force de la solidarité : cinq enfants unissent leurs efforts pour aider leur amie à porter la petite bassine sur sa tête. Ce geste culturel, symbole de la solidarité bantoue, se déroule à la place où l’eau de la rivière est puisée par la communauté de Bena Tshibondobondo.

République démocratique du Congo

Des sourires résilients face à la pénurie d’eau. Dans les villages touchés, les enfants s’engagent à soutenir leurs parents dans cette épreuve. Malgré les difficultés, leur détermination se lit sur leurs visages radieux.

En conclusion, il est important de souligner que le défi de l’accès à l’eau potable dans les zones rurales de la RDC est répandu et complexe. Les exemples de Bena Kaseki et Bena Tshibondobondo mettent en lumière les différentes réalités auxquelles sont confrontées ces communautés. Cependant, il est essentiel de noter que ces villages ne sont que quelques-uns parmi tant d’autres qui vivent ce défi de manière unique.

La pénurie d’eau potable affecte de nombreux villages à travers le pays, et chaque village a son histoire et ses propres stratégies pour faire face à cette situation. Les femmes qui parcourent de longues distances pour s’approvisionner en eau, les communautés qui creusent des trous pour recueillir l’eau de pluie, et celles qui doivent faire face à des menaces telles que les crocodiles, tous partagent le même besoin fondamental : l’accès à l’eau potable.

Il est crucial que des mesures soient prises pour remédier à cette situation. Le gouvernement, les organisations non gouvernementales et la communauté de la diaspora doivent travailler ensemble pour trouver des solutions durables qui garantissent l’accès à l’eau potable dans les zones rurales de la RDC. Cela nécessite des investissements dans les infrastructures, la sensibilisation et l’éducation sur l’importance de l’eau potable, ainsi que des efforts pour préserver les ressources en eau et protéger les communautés des dangers potentiels.

Il est important de reconnaître que le défi de l’accès à l’eau potable dans les zones rurales de la RDC est vaste et complexe, et qu’il ne peut être résolu en un seul article. Cependant, en mettant en lumière ces histoires, nous espérons sensibiliser davantage sur cette réalité et encourager des actions concrètes pour améliorer la vie des communautés rurales qui font face à ce défi quotidien.

Des femmes vaquant à leurs tâches de lessive à la source d’eau Lunkonko, principale source d’eau du village de Bena Ngambua, situé dans la chefferie de Bakwa Mulumba, territoire de Ngandajika, province du Kasaï Oriental.
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Commentaires

Salut Iken
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Merci de nous amener aussi loin, cher Ruben

Ruben Nyanguila
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Merci pour le retour

Mushimi
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Bravo cher Reporter, c'est un travail impeccable. Vivement que ceux qui ont le pouvoir de remédier à cette situation t'entendent.

Ciskas Kapiamba
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Merci Frère pour cette transmission