Ruben Nyanguila

Le mortier et le pilon : Des broyeurs manuels traditionnels pour la transformation de la farine

Dans les villages reculés de la province du Kasaï-Central en RDC, une pratique ancestrale persiste : l’utilisation du mortier et du pilon pour moudre les maïs et les maniocs, afin d’obtenir la précieuse farine utilisée pour préparer le nshima ou le foufou l’un des plats de base en RDC. Alors que dans les villes et certains villages, l’arrivée des moulins électriques a relégué cette méthode au passé, certains villages restent profondément attachés à cette tradition comme ceux du territoire de Dibaya au Kasaï-Central.

Un mortier, un pilon et un tamis s’unissent harmonieusement pour transformer les grains en une précieuse farine. (Crédit : ©Ruben en Reportage)

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L’apprentissage dès l’enfance et le processus de broyage

Dès l’âge de 5 ans, les filles apprennent à manier le pilon, et à 10 ans, elles maîtrisent l’art du broyage aussi bien que les adultes. Le processus est exigeant, mais pas insurmontable. Pour les maïs, les grains sont d’abord humidifiés, soit en ajoutant de l’eau juste avant le broyage, soit en les trempant pendant 1 à 24 heures. Cette étape permet de ramollir les grains et facilite leur broyage. Il faut alors pilonner avec force et en rythme pour obtenir une mouture fine. De temps en temps, des tamisages sont effectués pour extraire la fraction de granulométrie souhaitée. Environ 50 minutes sont nécessaires pour broyer 3 kg de grains. Le processus est similaire pour le manioc, à la différence qu’il n’est pas humidifié avant d’être broyé.

Sous l’œil bienveillant des anciens, la jeune fille de Tshiendele village manie avec grâce le pilon, symbole de transmission et de fierté. (Crédit : ©Ruben en Reportage)

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Une vue rapprochée captivante des grains dans le mortier. À côté, un tamis artisanal fabriqué avec des lianes locales, témoignant de l’ingéniosité et de la créativité de la communauté. (Crédit : ©Ruben en Reportage)

Le symbolisme et l’attachement à la tradition

Bien que des moulins soient disponibles dans ces villages, de nombreuses personnes, en particulier les personnes âgées, restent attachées à cette pratique. Ce n’est pas tant par manque de moyens pour payer le moulin, bien que cela soit souvent le cas, mais plutôt parce qu’ils considèrent le mortier et le pilon comme des ustensiles fabriqués à partir de matériaux naturels, sans danger pour leur santé. De plus, cela leur permet de réaliser des économies.

Ainsi, dans ces villages, le mortier et le pilon sont bien plus qu’un simple outil de transformation de la farine. Ils représentent un lien profond avec la nature et les traditions ancestrales. Les villageois voient en ces ustensiles une connexion avec leurs racines, une manière de perpétuer un savoir-faire transmis de génération en génération.

Mère et fille s’engagent dans un travail d’équipe lors de la transformation, la jeune fille maniant le pilon avec habileté tandis que sa maman tamise avec précision. Une collaboration efficace qui reflète la solidarité et l’entraide au sein de ces communautés rurales. (Crédit : ©Ruben en Reportage)

Avantages économiques et préservation des ressources naturelles

Malgré les avancées technologiques et l’accessibilité des moulins électriques, ces communautés rurales choisissent de maintenir cette pratique traditionnelle. Ils estiment que le mortier et le pilon sont empreints d’une valeur culturelle inestimable, témoignant de leur identité et de leur attachement à la nature.

Mamu Mbuyamba du village Tshiendele, à Dibaya, manie avec fierté son couteau pour éplucher les tubercules de manioc, étape nécessaire avant leur transformation en farine dans le mortier. (Crédit : ©Ruben en Reportage)

Au-delà de la dimension culturelle, l’utilisation du mortier et du pilon présente également des avantages économiques. En effet, en évitant de recourir aux services des moulins, les villageois économisent de l’argent, ce qui est particulièrement important dans des régions où les ressources financières sont limitées.

Après un processus de transformation minutieux, la farine blanche tant attendue repose fièrement dans la petite bassine. (Crédit : ©Ruben en Reportage)
Le mortier, le tamis et le pilon se reposent après avoir accompli leur mission de transformation. (Crédit : ©Ruben en Reportage)

Ainsi, le mortier et le pilon continuent de jouer un rôle essentiel dans la vie quotidienne de ces communautés. Ils symbolisent la résilience, la préservation des traditions et la valorisation des ressources naturelles. Alors que le monde évolue rapidement, les villages du Kasaï-Central nous rappellent l’importance de préserver nos héritages culturels et de trouver un équilibre entre modernité et tradition.

Reportage réalisé dans la localité de Tshiendele, groupement de Bakwa-Nkola, territoire de Dibaya dans province du Kasaï-Central en RDC. (Crédit @tambourdesvillages)


Le cinéma rustique : une fenêtre vers le monde dans les villages congolais

Imaginez une salle de cinéma au concept unique : une structure en bois, des nattes fabriquées localement servant de sièges, des troncs d’arbres et des bancs en bambou. Une télévision trône fièrement sur une structure en bois, tandis qu’un panneau de programmes de projection est soigneusement affiché à l’extérieur, attaché à un arbre ou à la structure elle-même. Pour l’électricité, un panneau solaire ou un petit groupe électrogène est installé à l’extérieur.

Crédit Photo : Ruben en reportage

Le Cinéma comme Porte d’Accès à l’Information et au Divertissement …

C’est ainsi que le cinéma prend vie dans le village de Bitanda, au cœur du territoire de Dibaya, mais aussi dans de nombreux autres villages ruraux congolais. Autrefois, c’était le seul moyen d’accéder à l’information et aux divertissements audiovisuels dans ces régions. Cependant, avec l’avènement des téléphones portables offrant de multiples possibilités, cette réalité a évolué.

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Pourtant, c’est grâce à ce concept de cinéma que beaucoup ont découvert la rumba congolaise et d’autres formes musicales. Aujourd’hui, si les téléphones portables sont souvent considérés comme une influence négative sur la jeunesse, il en était de même pour le cinéma autrefois, et même encore aujourd’hui dans certains villages et villes de la RDC.

Une Ouverture Vers de Nouveaux Horizons …

Cependant, ce concept cinématographique apporte aux paysans un souffle d’ailleurs, des images qui nourrissent leur imagination et une ouverture indéniable sur d’autres horizons.

Le prix du billet pour regarder un film ou un match de football varie entre 100FC et 500FC, parfois échangé contre des tâches pour les enfants.

Ici, on peut contempler à quoi ressemble le village de Bitanda, avec ses cabanes en paille harmonieusement nichées au milieu d’une végétation luxuriante, entourées d’arbres et d’herbes verdoyantes.

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Agriculture : quand l’abondance alimentaire des villages nourrit les villes

Dans les oreilles des « bourgeois » ou, pour être plus précis, des citadins, le mot « village » évoque généralement l’idée d' »abondance alimentaire » et bien d’autres choses encore. Et c’est compréhensible, car ils pensent souvent que tout le monde dans les villages pratique l’agriculture. C’est en effet le cas, car les villages disposent de vastes terres cultivables qui ne peuvent être ignorées par leurs habitants, qui les utilisent à bon escient pour produire de la nourriture. Bien sûr, il y a aussi des personnes vivant dans les villages qui ne pratiquent pas l’agriculture, ce sont généralement des commerçants venus des villes voisines pour y faire des affaires. En résumé, vous comprenez déjà que contrairement aux villes où il n’y a généralement plus d’espace pour cultiver en raison de la construction omniprésente, en RDC les villages cultivent et vivent de cela.

Un paysage fertile : un champ de maïs s’épanouit paisiblement, témoignant de l’abondance et de l’espace généreux qui caractérisent les villages, où la nature et l’agriculture se rencontrent en parfaite symbiose.

L’afflux de manioc à Bakwa Mulumba

Ils cultivent des denrées alimentaires, comme c’est le cas dans la chefferie de Bakwa Mulumba, où les paysans cultivent principalement le maïs et le manioc. Consommant généralement le « nshima » comme plat de base, le maïs et le manioc sont les deux ingrédients essentiels pour préparer ce plat, comme ils l’appellent dans la langue locale. La chefferie de Bakwa Mulumba, située dans le territoire de Ngandajika, dans la province de Lomami, est un endroit très connu dans la région, principalement en raison du commerce qui y est pratiqué. C’est un village commercial. En fait, c’est l’une des grandes chefferies de la région, composée d’environ 10 groupements. Dans le grand marché imposant de cette chefferie, une chose est remarquable : l’afflux de manioc sur le marché.

« Ah ça ! Mais c’est normal, c’est un village agricole !« , pourriez-vous dire !

Oui, cela peut sembler normal car c’est un village et les gens y vivent de l’agriculture, mais c’est exceptionnel dans le sens où c’est un village qui produit une quantité considérable de manioc chaque année par rapport à de nombreux autres villages.

Au cœur de la province de Lomami : le bâtiment administratif de la chefferie de Bakwa Mulumba, symbole de gouvernance locale, se dresse fièrement, flanqué du drapeau de la RDC. Niché dans le territoire de Ngandajika, un village commercial prospère est réputé pour sa production abondante de manioc et de maïs, contribuant à l’approvisionnement alimentaire de la région.

Une culture qui nourrit les villes

Ces maniocs sont généralement commercialisés chaque jeudi de la semaine, l’un des deux jours de marché de la chefferie. Ce sont principalement les femmes qui les vendent aux commerçants qui les revendront ensuite dans la ville de Mbujimayi. Oui, les villages ne cultivent plus seulement pour leur propre consommation, mais aussi pour nourrir les villes, car en ville, les gens ne cultivent pas.

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Un travailleur acharné : Avec une détermination sans faille, un homme utilise une barre de fer pour tasser les maniocs, optimisant l’espace et assurant un transport efficace vers les centres urbains.

Le départ vers Mbujimayi : Cette photo capture un camion chargé de sacs de maniocs prêts à être expédiés depuis la chefferie de Bakwa Mulumba vers la ville de Mbujimayi. Chaque semaine, au moins un camion plein quitte le village. Les « vaiyeurs », les paysans spécialisés dans le chargement des sacs, font de cette tâche physique exigeante leur métier, formant une association qui soutient leur gagne-pain et leur permet de gérer leurs familles.

L’importance de l’agriculture dans les villages

Avant de conclure, il est important de noter que ces maniocs sont découpés en morceaux après la récolte, puis étalés au soleil pour être séchés. Ensuite, ils sont vendus sur le marché, où les commerçants les achèteront pour les revendre en ville, où ils seront transformés en farine. Cette chaîne de production et de distribution témoigne de l’importance de l’agriculture dans les villages, qui contribuent non seulement à nourrir leurs habitants, mais aussi à approvisionner les centres urbains en produits alimentaires.

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Les étalages des maniocs commercialisés par les femmes dans le marché local de Bakwa Mulumba


L’élevage des bœufs à Dibaya-Lubwe : une pratique essentielle pour les paysans de la région

En RDC, l’agriculture, la pêche et l’élevage sont les principales sources de revenus pour les communautés rurales. À Dibaya-Lubwe, dans la province de Kwilu, les paysans se spécialisent dans l’élevage des vaches pour la viande. Les vaches jouent un rôle essentiel en tant que « compte en banque » et sont utilisées comme dot ou cadeau pour renforcer les liens sociaux. Elles sont généralement élevées pour leur viande savoureuse. Les bœufs à Dibaya-Lubwe sont généralement gardés en stabulation, attachés dans les herbes où ils se délectent de leur pâture.

Quand la quiétude se fond dans la nature : une scène captivante où les majestueux géants bovins se reposent parmi les herbes verdoyantes de Dibaya-Lubwe.
La liberté entravée : malgré les liens qui les retiennent, les bovins à Dibaya-Lubwe trouvent leur réconfort en broutant paisiblement les herbes nourrissantes
Coordonnées Géographiques de la commune de Dibaya-Lubwe : -4.141170,19.855700

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L’artisanat traditionnel et la créativité des enfants des régions rurales en RDC

Pendant les moments de liberté que sont les vacances scolaires, les enfants des milieux ruraux en RDC s’adonnent à une multitude de jeux, créant ainsi une véritable solidarité artistique. C’est ainsi que l’on peut observer comment l’artisanat traditionnel se transmet de génération en génération dans ces régions reculées.

L’artisanat traditionnel, un héritage précieux qui se perpétue de père en fils

Par exemple, une grande majorité des paysans et habitants des villages construisent eux-mêmes leurs maisons, sans l’aide d’architectes. Les enfants observent attentivement cette discipline et pendant leurs vacances, ils s’essayent à construire de petites maisons à leur échelle. Ils utilisent des boîtes de conserve de sardines pour fabriquer des briques miniatures. C’est ainsi que leurs talents se révèlent, avec des constructions parfois d’une qualité surprenante.

Bien sûr, tous ne deviendront pas architectes ou constructeurs, mais ces jeux sont une merveilleuse façon pour les enfants des régions rurales de passer leurs vacances, où l’art et le potentiel de construction s’épanouissent.

Découvrez ci-dessous quelques photos de l’espace de jeux de construction des enfants d’une famille vivant dans un coin très reculé de la commune de Bipemba dans la ville de Mbujimayi :

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Entre la cité et la forêt équatoriale, le quotidien des habitants de Dibaya-Lubwe

La province de Mai-Ndombe en République Démocratique du Congo est une région recouverte d’une forêt équatoriale estimée à 95 000 km2. Cette forêt s’étend le long de la rivière Kasaï, qui fait office de limite entre les provinces de Mai-Ndombe et de Kwilu. Les habitants de la commune rurale de Dibaya Lubwe, située le long de cette rivière, ont donc accès à cette forêt pour y cultiver et chasser.

Les habitants de Dibaya Lubwe traversent la rivière Kasaï en pirogue pour se rendre dans la forêt équatoriale. Ils y cultivent des maniocs, du maïs et d’autres produits agricoles. La forêt est une source importante de nourriture pour ces habitants, qui vivent chaque jour entre leur cité et la forêt équatoriale.

Lors d’un passage à Dibaya Lubwe, le reporter a pu observer des femmes rentrer de la forêt avec des paniers traditionnels remplis de vivres sur leur dos. La forêt est donc une source essentielle pour la subsistance des habitants de cette région.

Là où la rivière Kasaï rencontre la forêt enchanteresse, une étreinte harmonieuse de la beauté et de la sérénité de la nature. Un aperçu du monde captivant de Dibaya-Lubwe, où la vie s’écoule au rythme des courants de la nature équatoriale.
Coordonnées Géographiques de la commune de Dibaya-Lubwe : -4.141170,19.855700
Des compagnes de la forêt, les femmes de Dibaya-Lubwe, descendent gracieusement des pirogues en bois, portant sur leurs dos les trésors de la nature. Leurs paniers traditionnels débordent de produits récoltés avec amour dans les profondeurs de la forêt équatoriale. Un témoignage vibrant de la symbiose entre l’homme et la nature.
Portés par les doux courants de la rivière Kasaï, un groupe de femmes et un homme naviguent avec grâce leur pirogue, revenant de la forêt. Ensemble, ils incarnent la relation harmonieuse entre l’humanité et la nature généreuse qui les entoure.

À l’aube, une femme de Dibaya-Lubwe se dirigeant vers la forêt, portant fièrement un panier traditionnel sur son dos. Encore un symbole vivant de la connexion profonde entre la communauté et la nature. 🌿💼 #CompagneDeLaForêt #TraditionVivante #DibayaLubwe

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Photoreportage : l’accès à l’eau potable, un défi quotidien dans les zones rurales de la RDC

Il est important de noter que plusieurs grandes forêts se trouvent également dans la province de Kwilu. Il convient de noter que les habitants de cette contrée ne se contentent pas seulement de cultiver et chasser dans les forêts mais qu’ils abattent également des arbres pour en faire des grumes et des planches qu’ils commercialisent ensuite ailleurs.

Ces grumes et planches sont souvent transportés par bateau ou baleiniers vers d’autres régions, ce qui contribue bien évidemment à l’économie locale. Toutefois, il est important de veiller que cette activité soit menée de manière responsable pour préserver les forêts et éviter toute forme d’exploitation excessive.


Photoreportage : l’accès à l’eau potable, un défi quotidien dans les zones rurales de la RDC

Savez-vous que l’accès à l’eau potable est l’un des grands défis auxquels font face de nombreuses zones rurales en République démocratique du Congo ? Dans certains villages, la population n’a pas d’accès à l’eau potable. Non seulement ils n’ont pas de source d’eau potable à proximité, mais ils ne disposent pas non plus de réservoirs d’eau pour les périodes de pluie. Lorsqu’il pleut, ils creusent souvent des trous dans le sol pour recueillir l’eau de pluie, qu’ils utilisent ensuite pour les besoins domestiques tels que la cuisine, la vaisselle et le bain. C’est le cas dans le village de Bena Kaseki, l’un des plus importants groupements du territoire de Ngandajika, dans la province de Lomami. Situé à environ 20 kilomètres de la ville de Ngandajika, ce groupement est réputé pour ses importantes productions agricoles. Cependant, il fait face depuis des années à un grand défi d’accessibilité à l’eau potable.

Un panneau de bienvenu installé au bord de la route à l’entrée du groupement de Bena Kaseki. Localisation GPS : -6.665870,24.094400
Ici, en exemple un trou creusé pour recueillir l’eau de pluie destinée à la construction d’une maison, dans le village de Bakwa Mukendi, chefferie de Bakwa Kalonji, Tshilenge, province du Kasaï Oriental.

La quête quotidienne de l’eau

Dans le passé, les villages étaient souvent construits à proximité des rivières, car l’eau était essentielle à la vie quotidienne. Les gens s’en servaient pour boire, cuisiner, se laver et irriguer leurs cultures. Cependant, avec le temps, les choses ont changé dans de nombreux endroits. Les routes ont été tracées pour relier les villages et les villes voisines, et les marchés locaux ont commencé à se développer. Les habitants des villages ont commencé à se déplacer pour être plus près des routes et des marchés, où ils pouvaient vendre leurs produits agricoles et acheter des articles de première nécessité.

Cela a conduit à une situation où de nombreux villages se sont éloignés de leur source d’eau naturelle. Bena Kaseki en est un exemple. Bien qu’il soit situé à proximité d’une rivière, cette dernière est désormais à plusieurs kilomètres des habitations. Les gens doivent donc parcourir de longues distances pour s’approvisionner en eau potable.

Cela étant dit, les femmes de Bena Kaseki doivent faire face à un défi quotidien épuisant pour s’approvisionner en eau. Chaque matin, dès 4 heures, elles se mettent en route vers la rivière. Munies de bassines et de lourds bidons d’eau, elles parcourent ces longues distances à pied, portant leur précieuse cargaison sur leur tête.

Ce voyage matinal est non seulement éreintant physiquement, mais il nécessite également une grande détermination et persévérance. Les femmes doivent marcher sur des chemins souvent difficiles et escarpés. Elles doivent faire face aux intempéries, à la chaleur étouffante ou au froid selon les saisons.

Le poids des bassines et des bidons d’eau ajoute une charge supplémentaire à leurs épaules déjà fatiguées. Elles doivent maintenir un équilibre précaire tout au long du trajet pour éviter de renverser l’eau précieuse qu’elles ont si laborieusement collectée.

Après des heures de marche, les femmes atteignent enfin la rivière. Elles remplissent leurs récipients avec soin, s’assurant de collecter suffisamment d’eau pour répondre aux besoins de leur famille pendant la journée. Une fois les bassines remplies, elles entament le long chemin du retour vers le village.

Un périple quotidien qui représente une véritable épreuve pour les femmes de Bena Kaseki.

Tâches ménagères à la rivière de Bena Kaseki : lavage des vêtements

De plus, les femmes de Bena Kaseki ne se rendent pas seulement à la rivière pour s’approvisionner en eau potable. Comme dans de nombreux autres villages éloignés de leur source d’eau, elles utilisent également la rivière pour effectuer des tâches ménagères telles que la lessive. Ne pouvant pas ramener suffisamment d’eau à la maison en raison de la distance et du manque de réservoirs d’eau, elles lavent les vêtements de leur foyer sur les rives de la rivière. Cette tâche n’incombe pas seulement aux femmes mariées, mais aussi aux jeunes filles qui aident leur famille dans les tâches quotidiennes.

Une triste réalité qui met en évidence les défis auxquels sont confrontées de nombreuses communautés rurales. L’accès à l’eau potable est un droit fondamental, mais il reste un défi pour de nombreuses personnes, en particulier dans les régions éloignées et marginalisées.

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Saison sèche : Souffrance accrue et afflux à la rivière.

Pendant la période de mai à août, qui correspond à la saison sèche dans la région du Kasaï, les villages qui n’ont pas accès à l’eau potable font face à une souffrance accrue. Les effets de la sécheresse se font ressentir de manière plus intense, mettant en évidence les défis auxquels sont confrontées ces communautés.

Dans ces villages, l’eau devient une ressource encore plus précieuse et rare pendant la saison sèche. Les habitants se trouvent contraints de se rendre en plus grand nombre à la rivière pour s’approvisionner en eau. Les journées sont souvent marquées par des allers-retours fréquents vers la rivière, où les femmes, les hommes et même les enfants portent des seaux et des récipients pour collecter l’eau nécessaire à leur survie quotidienne.

Village de Bena Tshibondobondo : Installation près de la rivière et menace des crocodiles.

Il convient également de mentionner qu’un autre village, Bena Tshibondobondo à Bena Mpiana, dans la même province de Lomami et le territoire de Ngandajika, a décidé de s’installer près de la rivière pour échapper à la pénurie d’eau. Cependant, il semble qu’ils doivent maintenant faire face à la présence de crocodiles qui menacent la population. Les habitants luttent avec différents moyens de protection contre ces animaux marins.

Localisation GPS du village de Bena Tshibondobondo : -6.489000,23.926461

La majestueuse Rivière de Bena Tshibondobondo, également connue sous le nom de Tshilemba.
Ici, les habitants de Bena Tshibondobondo puisent de l’eau dans les rives de la Rivière Tshilemba, évitant ainsi les eaux profondes infestées de crocodiles.

La force de la solidarité : cinq enfants unissent leurs efforts pour aider leur amie à porter la petite bassine sur sa tête. Ce geste culturel, symbole de la solidarité bantoue, se déroule à la place où l’eau de la rivière est puisée par la communauté de Bena Tshibondobondo.

République démocratique du Congo

Des sourires résilients face à la pénurie d’eau. Dans les villages touchés, les enfants s’engagent à soutenir leurs parents dans cette épreuve. Malgré les difficultés, leur détermination se lit sur leurs visages radieux.

En conclusion, il est important de souligner que le défi de l’accès à l’eau potable dans les zones rurales de la RDC est répandu et complexe. Les exemples de Bena Kaseki et Bena Tshibondobondo mettent en lumière les différentes réalités auxquelles sont confrontées ces communautés. Cependant, il est essentiel de noter que ces villages ne sont que quelques-uns parmi tant d’autres qui vivent ce défi de manière unique.

La pénurie d’eau potable affecte de nombreux villages à travers le pays, et chaque village a son histoire et ses propres stratégies pour faire face à cette situation. Les femmes qui parcourent de longues distances pour s’approvisionner en eau, les communautés qui creusent des trous pour recueillir l’eau de pluie, et celles qui doivent faire face à des menaces telles que les crocodiles, tous partagent le même besoin fondamental : l’accès à l’eau potable.

Il est crucial que des mesures soient prises pour remédier à cette situation. Le gouvernement, les organisations non gouvernementales et la communauté de la diaspora doivent travailler ensemble pour trouver des solutions durables qui garantissent l’accès à l’eau potable dans les zones rurales de la RDC. Cela nécessite des investissements dans les infrastructures, la sensibilisation et l’éducation sur l’importance de l’eau potable, ainsi que des efforts pour préserver les ressources en eau et protéger les communautés des dangers potentiels.

Il est important de reconnaître que le défi de l’accès à l’eau potable dans les zones rurales de la RDC est vaste et complexe, et qu’il ne peut être résolu en un seul article. Cependant, en mettant en lumière ces histoires, nous espérons sensibiliser davantage sur cette réalité et encourager des actions concrètes pour améliorer la vie des communautés rurales qui font face à ce défi quotidien.

Des femmes vaquant à leurs tâches de lessive à la source d’eau Lunkonko, principale source d’eau du village de Bena Ngambua, situé dans la chefferie de Bakwa Mulumba, territoire de Ngandajika, province du Kasaï Oriental.


Des élèves congolais impliqués dans des travaux difficiles pour soutenir leurs enseignants

Saviez-vous que chaque samedi, dans plusieurs villages de la RDC, des enfants sont contraints de travailler dans les champs plutôt que d’aller à l’école ? Bien que leurs enseignants considèrent cela comme une aide, les élèves qui manquent ces travaux risquent des sanctions, voire une privation de quelques jours d’école.

Sur le chemin de l’école, des élèves du village de Mwamba-Mbuyi transportent des paquets de branches de palmiers sur la tête pour les offrir à leurs enseignants.

Pendant la saison sèche, lorsque les travaux dans les champs ne sont plus nécessaires, les élèves sont souvent chargés de couper de la paille et d’autres matériaux locaux de construction pour leurs enseignants. Ils sont également responsables du transport de ces matériaux sur de longues distances jusqu’aux habitats des enseignants.

Territoire de Ngandajika : un élève portant sur la tête un paquet de la paille à offrir à son enseignant.

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La viande de chien des Baluba du Kasaï, une exception culturelle où les hommes prennent les rênes de la cuisine

Lors d’une visite dans le territoire de Ngandajika, province de Lomami, ainsi que dans le groupement de Mwamba-Mbuyi, commune de Kananga, notre reporter a constaté que les enfants étaient très impliqués dans ces travaux et y consacraient beaucoup d’énergie.

Groupement de Bena Kaseki : des enfants tirant dans leurs mains des branches de palmiers pour leurs enseignants.

Cette pratique soulève des interrogations quant à l’éducation et au travail des enfants en RDC. Bien que le travail des enfants soit interdit par la loi en RDC, il est important de continuer à sensibiliser les enseignants et les parents sur l’importance de l’éducation pour l’avenir des enfants tout en cherchant des solutions pour concilier les travaux dans les champs et la scolarité.

Alors que cette semaine marque la fin de l’année scolaire 2022-2023, il est important de rappeler que chaque enfant a le droit à une éducation de qualité et à être protégé contre le travail des enfants. Les vacances sont attendues avec impatience, mais il est crucial de poursuivre les efforts pour garantir un avenir meilleur pour les enfants de la RDC.


La viande de chien des Baluba du Kasaï, une exception culturelle où les hommes prennent les rênes de la cuisine

Les Luba du Kasaï, une ethnie congolaise vivant dans la région centrale de la République Démocratique du Congo, ont une relation particulière avec la viande de chien. Pour eux, cette viande est un plat traditionnel qui se cuisine souvent avec passion et savoir-faire. Cependant, il est important de noter que cette viande est beaucoup plus consommée par les hommes que les femmes, et que dans la cuisine de la viande de chien, on ne trouve que des hommes.

Mbuyi, un garçon de 11 ans, aidant son père dans leur restaurant qui vend de la viande de chien. Depuis son plus jeune âge, il a appris les différentes étapes de la préparation de ce plat traditionnel luba et participe maintenant activement à certaines d’entre elles.
Mbuyi utilise une méthode traditionnelle pour préparer la viande, en la faisant cuire au feu de la paille pour brûler les poils et faciliter le découpage à l’aide de couteaux.

LES HOMMES LUBA, MAITRES DE LA PREPARATION DE LA VIANDE DE CHIEN
Bien que les Luba considèrent la viande de chien comme un plat traditionnel qui se cuisine avec passion et savoir-faire, il est important de noter que cette viande est beaucoup plus consommée par les hommes que les femmes. Dans la cuisine de la viande de chien, on ne trouve que des hommes, qui prennent les rênes de la préparation et de la cuisson de ce plat exceptionnel.

L’ELEVAGE DE CHIENS, UN INVESTISSEMENT…

Cette pratique est particulièrement courante dans la chefferie de Bakwa Mulumba en province de Lomami, où les habitants sont majoritairement des agriculteurs et éleveurs. Dans cette région, l’élevage des chiens est un investissement pour les paysans, qui les élèvent afin de récupérer leur gain plus tard quand ils les revendront aux marchands de la viande canine. Le prix d’un grand chien dans le village de Bakwa Mulumba varie entre 40000FC et 60000FC, soit 20$ et 30$.

La cuisson au foyer trois pierres est une méthode traditionnelle qui consiste à faire un feu avec des branchettes de bois, et de disposer trois pierres permettant de soutenir une marmite comme on le voit sur la photo.

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Découvrir la culture congolaise à travers les marchés nocturnes

UNE SOUPE SANS EPICES MAIS DELICIEUSE…

Contrairement à d’autres viandes, la viande de chien est souvent préparée sans épices, juste avec du piment et du « Tshikota », une herbe amarante, ainsi que de l’huile de palme. Cette combinaison unique de saveurs donne à la soupe une saveur délicieuse qui met en valeur les qualités naturelles de la viande.

Une tradition qui persiste malgré les controverses

Malgré les controverses et les appels à l’interdiction de la consommation de viande de chien en RDC, la consommation de viande de chien reste une tradition importante pour les Luba, qui continuent de la consommer régulièrement. Les Luba considèrent la viande de chien comme un aliment de choix, et continuent de la préparer et de la consommer avec fierté.

La viande de chien des Luba est une exception culturelle où les hommes prennent les rênes de la cuisine. Bien que cela puisse sembler étrange, il est important de respecter les traditions et les cultures des autres, même si elles sont différentes des nôtres. Les Luba continuent de célébrer leur culture à travers la viande de chien, et cette tradition unique mérite d’être célébrée et respectée.


Découvrir la culture congolaise à travers les marchés nocturnes

La vie quotidienne en Afrique et plus précisément en République Démocratique du Congo (RDC) ne se résume pas seulement aux grands marchés et aux marchés de quartier. Saviez-vous qu’il existe également un type de marché qui se différencie des autres par son authenticité ? Il s’agit des marchés nocturnes de rue, des événements qui se tiennent en fin de journée ou en soirée, laissant place à une atmosphère détendue, festive et culinaire.

©RubenEnReportage – une photo de nuit montrant l’ambiance d’un marché nocturne au bord de la route dans la ville de Tshikapa, province du Kasaï, en République Démocratique du Congo.

Des mamans chaleureuses et accueillantes

Bien que le grand marché et le marché de quartier soient des lieux incontournables de la vie quotidienne en RDC, le marché nocturne, lui, est plus informel et s’appuie généralement sur des commerçantes locales appelées familièrement « mamans« . Chaque soir, les rues principales de certaines villes du pays sont envahies de petits bancs commerciaux et d’étalages animant les centres-villes.

©RubenEnReportage – Des ananas, des bananes plantain, des fruits et des épices aux saveurs particulières exposés sur les étalages des « diamanyi », surnom attribué aux mamans marchandes ayant une certaine expérience dans le commerce, au centre ville de Tshikapa.

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Des saveurs inoubliables

La particularité de ces marchés nocturnes est qu’ils offrent un spectacle haut en couleur, empreint d’une vraie dimension artistique. Toutefois, malgré leur popularité, certains pourraient être considérés comme un facteur d’insalubrité dans certaines villes.

Reste à savoir que la réalité est souvent plus nuancée. De nombreux marchés nocturnes respectent les normes élémentaires en étant régulièrement nettoyés.

©RubenEnReportage – Une photo en gros plan mettant en avant des fruits bio impressionnants aux saveurs particulières, tels que des bananes, des arachides, des maïs et des citrons, dans le centre ville de Tshikapa.

Une immersion dans la culture locale

Pour les populations locales, le marché nocturne est avant tout un événement social et commercial incontournable. Entre convivialité et traditions, ce concept de marché reflète pleinement la diversité de la vie africaine en ville. Une visite sur ces marchés est donc une opportunité de découvrir et de s’immerger dans la culture locale à travers son art culinaire, son ambiance nocturne et l’authenticité de ses commerçantes locales.

©RubenEnReportage – des fruits d’arachides et des maïs bio.

Visiter un marché nocturne permet donc de découvrir des aliments locaux exotiques, faire des rencontres surprenantes, s’immerger dans la vie locale et soutenir l’économie locale.

Une expérience unique et authentique

En somme, à travers les marchés nocturnes de rue, la culture congolaise est mise en avant et partagée avec les visiteurs, créant ainsi une expérience unique et authentique. N’hésitez pas à partir à la découverte de ces milieux incontournables pour une expérience culturelle unique en RDC.

©RubenEnReportage – des insectes comestibles appelés communément « Bikunyi » en Tshiluba, souvent rares mais disponibles aux côtés des étalages des « diamanyi »
©RubenEnReportage – Début de soirée, le marché nocturne s’anime déjà au centre-ville de Tshikapa.